Le frère

De imagina
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(100526)

Quoi de plus banal qu'un livre ? Même manuscrit, c'est un objet que l'on trouve partout et qui sert à transmettre un savoir au plus de monde possible. Pourtant il est des livres qui en disent bien plus que ce que contiennent leurs pages. C'était le cas de celui de Celto. Il l'avait ouvert pour une chose tout à fait banale aussi. Il voulait offrir le meilleur des thés à sa fiancée et deux de ses amis, Epine, Veldren et Draenkur. Et dans ce livre, il y avait la recette du thé du bonheur.

Après la course avec le loup, après avoir gravi le mont du Vent Sauvage, après avoir entendu cette voix dans sa tête lui faisant un présage bien funeste, après tant de questions sans réponse et une menace supplémentaire semblant menacer l'intégrité de son esprit, et peut-être même de sa vie, Epine ne pouvait pas refuser le réconfort d'un breuvage chaud et doux, surtout que celui-ci, elle le savait, lui serait préparé avec amour.

Celto ouvrit donc son livre. Rien de plus normal. Il ouvrit la page où était la recette du thé évoquée ci-dessus et suivit à la lettre ce qui y était écrit. Epine le regardait et bavardait avec Veldren, interrogeait Draenkur sur tout ce qui venait d'arriver. « Mais je ne suis pas en guerre avec les éléments ou les esprits » se plaignait-elle. « Alors pourquoi veut-il que je fasse la paix ? ». « La paix n'implique pas forcément la guerre » lui répondait Draenkur. « Il parle peut-être de la paix, là dedans » et il pointait son doigt sur son front, bien entre les deux cornes. Epine, faisait la moue, agitait sa queue en tous sens, attendant le thé qui pourrait peut-être l'apaiser.

Il arriva enfin. Quand Epine pu poser ses lèvres sur le bord de la tasse, sa langue s'arrêta s'agiter. Et quand le parfum du divin breuvage emplit son palais, le calme revint même jusqu'à la pointe de sa queue, qui chez elle semblait-il, était directement reliée à son organe de la parole. Se concentrer sur le goût du thé, voilà le salut. La conversation finit donc par tourner autour d'autres choses que des misères de la jeune draeneï contre laquelle, il faut bien le dire, le sort semble vouloir s'acharner. Draenkur prit congé. Draenkur est un draeneï très occupé. Il avait à faire. Alors il partit. Tout le monde le salua, ce qui chassa les derniers souvenirs de la conversation précédente.

Alors on parla du fameux livre. Celto expliqua à Epine que ce livre était un des rares objets qui lui vient de son passé d'avant l'accident sur Azeroth, et à Veldren que le livre était spécial. Epine dressa une oreille. Oui, le livre « ne peut pas être lu par d'autres personnes qu'un membre de ma famille proche » expliqua Celto. Epine entendit mais ne réagit pas tout de suite. Certes, oui, et alors ? Lire un livre n'a rien d'extraordinaire, « je peux vous montrer, si vous voulez » dit-elle. Celto, abasourdi, tendit le livre que sa fiancée prit tout naturellement et se mit à lire, comme si... « Epine! » s'exclama Celto. « Mais c'est impossible! Comprends-tu ce que cela veux dire? » « Mais oui, c'est la recette du thé » répondit Epine, innocemment. « Mais, Epine... » Et Celto lui expliqua alors que si elle arrivait à lire ce livre, c'est qu'elle était soit sa mère, soit sa fille, soit sa sœur...

Si un certain humain était là, il dirait « mais non, c'est pas qu'elle comprend pas, c'est qu'il faut lui expliquer longtemps. » Une étincelle finit par traverser le bon neurone d'Epine et alluma dans sa conscience une petit ampoule d'alerte. « Celto, nous avons presque le même âge, à dix ans prêt. Alors je ne peux ni être ta mère, ni être ta fille... c'est donc que.. je suis ta sœur » Un moment de silence s'installa. Veldren n'osait plus parler. Celto regardait celle qu'il avait demandé en mariage quelques jours auparavant avec un œil un peu différent et celle-ci semblait se demander ce qu'il allait encore lui arriver de nouveau avant le fin de la journée.

La fin de l'histoire ressemble à une discussion intime entre un frère et une sœur qui se retrouve après une absence d'environ un siècle et quelques poussières. Des bisous, des câlins, des confidences et le pauvre Veldren qui ne savait pas où se mettre. Quoique, le pauvre Veldren dut bien se dire, à un moment, que vu les nouvelles circonstances, le projet de mariage tombant ainsi à l'eau, peut-être que... la jeune draeneï...




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