Aedes : Rencontre avec les éléments
(100603)
Les jours suivants l'entretient avec le prophète Velen, Draenkur arpenta l'île de Brume-azur de long en large, à la recherche d'un quelconque indice sur l'origine du mal qui frappait son peuple. Il ne constata rien d'anormal sur l'île, aucune présence démoniaque ou autre. Le chaman décida alors d'aller chercher de l'aide là où personne d'autre ne pouvait aller en demander au sein de l'Aedes : Auprès des esprits élémentaires. Il se rendit donc au pic du Vent-sauvage, retrouver Velaada, la gardienne du pic. Aucun autre chaman n'était plus aguerri qu'elle pour concocter les breuvages de vision et autre potions utilisées lors des rituels.
La chamane accueillit Draenkur chaleureusement. Étant contrainte de rester en haut de la montagne, les visites étaient rares et le draenei était le rare à venir souvent lui tenir compagnie. Après quelques échanges de paroles pour comprendre la situation, Velaada se tourna vers l'autel de pierre où elle gardait ses ingrédients, et commença la préparation du breuvage de vision.
La création étant délicate et lente, Draenkur sortit de la grotte. Son air saturé de fumées colorées lui devenait suffocant. Le vent soufflait rageusement comme à son habitude, sifflant en caressant les rochers, ce qui créait une étrange mélopée accompagnée par les tintements des carillons accrochés a l'entrée de la grotte. La seule différence par rapport à d'habitude était l'agitation des aspects de l'air qui flottaient sur le plateau. Ceux-ci semblaient de plus en plus nerveux chaque jour, comme craignant une sombre menace, menace qui d'ailleurs se vérifiait de jour en jour.
Le chaman se dirigea vers la pointe où trônait le grand Susurrus, l'un des quatre maîtres élémentaires. Si l'on pouvait le voir à cet endroit, cela ne voulait pas dire que l'élémentaire était vraiment présent, Draenkur le savait bien. Aussi se contentât-il de s’asseoir en face de lui, attendant patiemment que Velaada ait fini de préparer le breuvage. Celle-ci arriva peu de temps après, apportant une grande écuelle en bois, remplie d'un liquide vert presque luminescent, elle le déposa au pied du chaman et s'en retourna vers la grotte sans un mot.
Le draenei but la mixture à longues gorgées les yeux fermés, avant de reposer le bol vide sur le sol. Au bout de quelque secondes on eut cru qu'il dormait profondément en position assise. Draenkur était partit pour l'Immatériel.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se trouvait toujours en haut du Pic, mais tout semblait flou. Une légère brume mauve flottait à quelques centimètres du sol. Ici nulle végétation, aucune odeur, seule la roche nue et un son très faible, semblant sortir tout droit des entrailles de la terre, était accessible aux sens. Le chaman se retrouvait face à Susurrus, qui le regardait, impassible. Draenkur s'adressa alors à lui, d'une voie forte et déterminée :
« Grand élément, maître du vent et de la vie, Susurrus, gardien de l'air, entends les paroles du peuple qui demande ton aide ! »
L'élémentaire ne réagit pas à ces paroles et resta immobile, le regard toujours plongé dans celui du draenei. Celui-ci ne se découragea pas pour autant et reprit plus fort, comme si le vent couvrait ses paroles :
« Un grand mal frappe les îles où nous vivons. Une ombre ce profile à l'horizon et affaiblit notre peuple. Nous sommes dans l'ignorance de sa provenance. C'est pourquoi nous demandons humblement l'aide du Grand Vent afin que notre peuple, qui le sert fidèlement, ne disparaisse pas sous cette ombre ! »
Attendant une quelconque réponse, Draenkur restait debout face à Susurrus qui ne laissait paraître aucune émotion. Le temps défilait à une vitesse étrangement folle, si bien que plusieurs jours passèrent dans le monde matériel où le chaman restait immobile sous la surveillance de la gardienne.
Au bout d'un temps indéfini, une voie sifflante résonna dans la tête du chaman :
« Tu m'a appelé, mortel ? »
Draenkur se releva d'un bond, hésita un instant avant de prendre la parole :
« Grand Susurrus, je vous ai appelé au nom de mon peuple qui a besoin de votre aide. Une ombre le recouvre et l'affaiblit chaque jours. »
Après un instant, alors qu’un vent se mettait à souffler autour du chaman, la voix de l'élémentaire résonna à nouveau :
« Mes enfants ont sondé l'éther ... fouillé les horizons ... nous voyons beaucoup … *sifflements* - Nous devons savoir ce qu'a vu le vent », répondit le draenei, reprenant de l'assurance. - Un bateau, poussé par mes zéphyrs ... il est venu dans les ténèbres ... *sifflements* »
Le chaman essayait de garder son impatience cachée, mais le peu de réponse le poussait à poser plus de questions :
« Un bateau ? D'où venait il ? - Des morts sans souffle sont venus ... Ils portaient une grande souillure avec eux ... *sifflements*, le Septentrion, les brumes, la glace ... les vents glacés l'ont poussé vers les terres chaudes... »
Draenkur, pensa de suite au Fléau, lui seul venait du continent gelé. L'élémentaire repris :
« La brise du soir les a vu pénétrer votre cité et sa lumière en a été fanée ... *sifflements*, la cité sera soufflée comme une flammèche par un vent trop violent ... »
Draenkur écarquilla les yeux d'horreur, l'Exodar allait être rasé ! La puissante voix résonna à nouveau :
« Enlever la souillure ... quelques lumières de vie soufflées pour que beaucoup d'autres survivent ... Honorez les esprits du vent et des airs, ils sont vos alliés … *sifflements* »
Le Draeneï ne sut que dire. Il semblerait qu'il allait falloir sacrifier des vies pour en sauver d’autres. Il parvint néanmoins à reprendre ses esprits et demanda, plein d'espoir :
« Notre peuple pourra t'il rencontrer les autres maîtres élémentaires ? - Peut-être ... la terre saura peut-être les secrets enterrés ... mais elle est lente et tortueuse. »
La réponse rassura Draenkur. Il allait devoir rencontrer le gardien du Val, maître de la terre. Il salua l'élémentaire et le remercia pour ses réponses. Un grand froid l'envahit, accompagné d'une pénombre qui grandissait à vue d’œil. Une fois entièrement plongé dans le noir, le chaman rouvrit les yeux, suffoquant, avant de se retrouver dans le monde matérielle. Le cœur battant à une vitesse anormale et le sang pulsant dans ses tempes, Draenkur s'évanouit au bord de la falaise, ayant juste le temps d’apercevoir Velaada qui se précipitait vers lui.
L'attente jusqu'à son prochain séjour dans l'immatériel fut longue mais Velaada avait insisté pour qu'il se repose et reprenne des forces avant d'y retourner. Mais il avait tellement de choses à faire que le repos était devenue impossible, entre les combats contre la légion, et la chasse aux démonistes. Le chaman passait son temps à courir partout. Le temps le pressant, il ignora alors sa fatigue pour aller à la rencontre de l'esprit du val, le maître élémentaire de la terre, comme le lui avait conseillé Susurrus.
Pour que la gardienne puisse le surveiller il s'installa dans la grotte. Il se rendit vers le Val une fois entré dans l'Immatériel, quelques secondes après avoir but le breuvage de vision. Draenkur fut projeté dans le monde des esprits, se retrouvant dans la grotte, totalement vide, sans autre trace d'activité que celle de la nature.
La descente du pic lui parut durer une éternité. Plus il s'éloignait du sommet de la montagne du vent, plus l'air se faisait pesant. Une fois en bas, il vit que la montagne était intacte mais que l'Exodar avait disparu. Aucune trace du vaisseau et de ces gros cristaux éparpillés partout sur l'île. Le chaman traversa la forêt vers l'est, contemplant l'île sous son aspect le plus sauvage, jusqu'à son arrivée au guet d'Ammen. Une fois la rivière traversée, il se retrouva dans le val où circulaient lentement une multitude d'élémentaires de la terre. Se dirigeant ensuite vers le nord, Draenkur atteignit enfin le Bosquet Sacré, où il se retrouva face à face avec un gigantesque élémentaire. celui ci semblait l'attendre et le fixait en balançant légèrement son lourd corps, et en émettant quelques craquements de roches de temps à autre. Le draenei salua le gardien puis ce redressa calmement, attendant qu'il s'adresse à lui.
L'esprit s'agitait en grondant et fit jaillir de petits éclats de roche avant de prendre la parole :
« Esprit de chair ... que faites-vous ? ... que sont ces atroces convulsions ? - Mon peuple est malade Gardien, répondit le draenei. Les non-morts ont apporté une souillure sur ces terres. »
L'esprit sembla préoccupé un instant avant d'ajouter :
« Vous avez commencé avec votre terrifiant météore venu des cieux ... Avant votre venue, tout était pur et nu ... maintenant tout est souillé. »
La réponse surprit le chaman, mais l'élémentaire n'avait pas tort. De nombreux troubles dans l'équilibre avaient été causés par leur arrivée. Après quelques hésitations il rétorqua à son tour :
« Oui, mais nous essayons de réparer les torts que nous avons commit. Si nous disparaissions qui le ferait à notre place ? Gardien, si les non-morts gagnent il n'y aura plus un arbre qui poussera sur ces terres, plus un seul brin d'herbe... »
L'esprit semblait considérer la réponse en craquant et grondant :
« Les vôtres doivent honorer les esprits et les forces élémentaires ... rétablir l'équilibre... »
Cette réponse laissa Draenkur pensif. La division des croyances ne serait pas une chose aisée à surmonter :
« Mais certains ne veulent voir que la Lumière ! Comment leur ouvrir les yeux ? »
L'élément soupira, produisant une espèce de chuintement :
« Comment vivraient-ils dans un monde de seule lumière ? ... vous n'êtes pas de purs esprits illuminés ... Vous êtes des êtres de chair, de matière, et vous répondez à l'ordre élémentaire qui régit ce monde, que vous le vouliez ou non. »
Le draenei acquiesça et préféra revenir sur le sujet principale de cette rencontre :
« Il nous faut donc rétablir l'équilibre pour vaincre la souillure des non-morts ? »
Un grand craquement ce fis entendre :
« Il y a là, dans votre astre habité, une matière qui n'est pas de ce monde ... Elle dévore l'essence des choses ... elle se nourrit de la substance des êtres ... *craque et gronde* Cette chose est dans vos murs et elle dévore cette île ... c'est insupportable… »
Draenkur prit un air décidé avant de répondre :
« Nous ferons tout ce qui est dans notre possible pour la trouver et la détruire ! - Nous avons senti son contact il y a bien longtemps mais jamais ce ne fut une telle malfaisance ... *craque*. Prenez garde à son contact, elle mordra vos faibles corps ... Vous devrez trouver le moyen de neutraliser l'esprit de ce noir nœud de malfaisance ... *craque* Ce que vous cherchez dans vos murs à une forme matérielle mais prenez garde : Cela affecte bien au-delà de la matière ... *gronde*. Vous pouvez le trouver, peut-être le toucher et le déplacer ... mais cela vous dévorera ... »
Le chaman s'inclina respectueusement :
« Merci pour ces avertissements Gardien. Nous ferons de notre mieux pour rétablir l'équilibre. - Une dernière chose Chaman... gronda l'esprit faisant voler des éclats de pierre. Une lèpre insidieuse commence à ronger nos royaumes terrestres qui sont vos habitats, vos forêts, vos montagnes ... *craque et gronde*. La menace sur la vie de ce monde dépasse largement vos murs ... - Est elle liée à la Légion Ardente, demanda Draenkur ? - Qu'est-ce que cela ? Une corruption s'infiltre dans nos os de pierre et nos veines de rivières ... cela est comme un lent poison qui croît en virulence ... *craque et projette des éclats* » - Les esprits savent-ils d'où provient cette corruption ? - Comme les eaux qui pleuvent sur nos terres, tout provient de la même source, annonça l'esprit. *craque* Remontez le fleuve, la rivière, le ruisseau, jusqu'à la source ... »
Le Draeneï hocha la tête pour acquiescer, c'était vague mais il n'aurait put en espérer mieux de la part d’un esprit élémentaire.
« Nos destins sont liés, chaman. Tous doivent le comprendre. - Bien, nous ferons comme le suggèrent les esprits, répondit le chaman. - Ton humilité devant les esprits t'honore chaman .. *gronde*. Nous nous reverrons, sous cette forme ou une autre ...
Puis, l’élémentaire se détourna du mortel qui resta un instant immobile, perdu dans ses pensées. Au bout de quelques instants, il repartit vers le Pic pour faire son retour dans le monde des vivants. Le chemin lui sembla plus long qu'à l'allée, tant l'air était épais et le poids des révélations de l'esprit lui pesait.
Il perçus alors un bruissement hostile qui venait de derrière lui, le draenei se retourna pour constater avec horreur qu'une ombre rampait vers lui lentement, semblable à un serpent fait d'une eau aussi noire que les ténèbres. Le chaman hâta le pas, mais l'ombre accélérait en même temps que lui, comme déterminée à le rattraper. Après une course effrénée, le chaman parvint enfin en haut du pic, exténué. Il réussit de justesse à sortir de l’Immatériel, avant que l'ombre ne l'atteigne.
C'est dans la grotte de la gardienne qu'il s'effondra, à bout de force, et qu’il s’endormit pour plusieurs jours sous le regard bienveillant et les soins de Velaada.
[Texte écrit par Draenkur]
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