L'épreuve des cauchemars
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Errance. Vagabondage. Recherche de quoi ? Du bonheur ? Fuite ? Les paysages défilent sous les sabots des deux, la mère et la fille. Des cernes grandes comme des valises trahissent une immense fatigue. Le teint pâle de Shineï indique également une mauvaise santé. Seules, les deux draeneïs se dirigent vers ce qui ressemble à une maison, en pleine forêt. Enfin non, pas vraiment seules. Depuis quelques jours, elles sont accompagnées par un être dont on ne s'attendrait pas à tant de compassion, et un passant qui les aurait croisés aurait pu penser qu'il s'agissait d'une bien étrange famille où le rôle père serait tenu par un troll et ceux de la mère et de la fille par une grande et une petite draeneï.
Une grotte ? Trop humide. Un tunnel ? Trop sinistre. Une bâtisse ? Trop exposée. Brume-Azur ? Trop de souvenirs. Draenor ? Trop loin. Comment Dornaa ferait pour s'y rendre ? Ils décidèrent tout de même de poser leurs bagages dans une grande maison.
Ce soir là, Epine est rentrée bien tard. Avec Shineï, elle avaient tenté de trouver un ami à Reflet de Lune, un ami druide qui les avaient déjà aidé plusieurs fois. Mais il semble que Reflet de Lune, ce lieu de recueillement et de paix soit désormais fermé au publique pour des raisons obscures. Elles durent partir avant que les gardent ne les reconduisent à la frontières. On n'aiment pas les Draeneïs errantes à Reflet de Lune. Alors elle partirent pour Darnassus. Les Kal'doreïs sont des amis des draeneïs après tout ! Leurs amis druides les rejoignirent dans le temple d'Elune. Epine aime bien aussi cet endroit pour venir s'y reposer, méditer ou même prier parfois. Mais là encore, une étrange prêtresse kal'doreï était venue les déloger. Dans le fond du temple, elles ne dérangeaient personne pourtant. Mais les cérémonies kal'doreï ne sont pas faites pour les enfants, sûrement. Epine ramassa sa fille et partit très déçue. Passons sur les péripéties qui ont suivies où, après qu'elle ait elle-même été changée en dinde, elle lança tous les kal'doreïs présents à la poursuite d'un poulet invisible.
Ce soir là, donc, Epine est rentrée bien tard. Le troll avait préparé quelque chose. Elle alla coucher sa fille qui s'endormait debout pendant que lui la questionnait sur ce qu'elle avait bien pu faire de sa journée. Assise sur le tas de couvertures qui lui servait de lit, à élaborer dans sa tête un plan pour faire comprendre à tous ses sin'doreïs de malheur que le monde, la vie et la mort de ses habitants, ne leur appartenait pas, Epine regardait son ami qui sortait une fiole remplie d'un liquide rouge de son sac. « Bois ça » lui dit-il. Elle avait confiance... mais... qu'est-ce que c'était ? Il la rassura et elle but.
C'est alors que le cauchemar recommença. Il lui avait fait prendre une potion qui la plongea dans un état hypnotique. « Pense à Veldren, au moment de sa mort » lui demanda-t-il. Epine tremblait. Elle prit sa tête entre ses mains et se mit à la secouer comme pour en faire sortir quelque chose. Elle gémissait, pleurait, mais ne criait pas. Le troll l'observait, à la fois sûr de lui et inquiet. Elle s'affala sur le sol, se tordant d'une douleur imaginaire. Elle revoyait les scènes où, attaqué par les démons de Nagrand, Veldren brûlait au dessus d'elle. Elle le revoyait, presque agonisant sur son lit de Telaar, espoir trahit. Elle le voyait souriant, au milieu des flammes des ténèbres qui envahissait tout autour de lui, les rires sordides et sadiques des démons, les cris hystériques des succubes et des shivarra, avec leur langues visqueuses qui le léchait... tout s'embrouillait. Elle revit sa mère, morte devant ses yeux sous les coups horribles des orcs devenus fous... jadis... Le cauchemar ne s'arrêterait-ils jamais ?
Elle ne bougeait plus. Ses yeux fixaient le vide. Elle retrouva l'état qu'elle avait connu quand les Kurenaïs l'avaient tirée de sous le corps de son mari, dans une crevasse de Halaa. Le troll commençait un paniquer. « Ça ne devait passer se passer comme ça » se disait-il.
Enfin elle finit par se réveiller. Elle était calme. Elle le vit. « Où sommes nous ? Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle. « Où est Veldren? » demanda-t-il. Elle ne répondit pas tout de suite. Elle regarda comme en elle même. Elle semblait presque sourire. « Il reviendra, il vit dans mon coeur » finit-elle par répondre. Le troll sembla soulagé. Il la regarda s'endormir, allongée sur le côté, comme blottie contre elle-même, le pouce dans sa bouche. Elle eut un sommeil d'enfant cette nuit là.
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