Libérer des prisonniers
(100820)
Elle repensait à tout ça en se lavant sous la cascade, terrasse de l’Aldor, à l’abri des regards. La fraîcheur de l'eau l'apaisait mais elle était morose. Ils avaient vu l'enfer, pénétré dans son cœur. La chaleur et l'horreur y était insupportables. Même sur Draenor, elle n'avais jamais vu autant de démons réunis au même endroit. Et les cages ! En pensant que Ourr et sa sœur, Isewen, ont séjourné ici, Epine frissonnait. Cela renforçait son empathie. Comment en vouloir à Ourr après avoir vu ça?
Oui, mais...
Un paladin étrange était venu les aider. Il prétendait s'appeler Radamir, être de la Croisade d'Argent, avoir pour mentor Eadric le pur et être envoyé par le Roi Varian Wrynn. La Comtesse, pourtant si méfiante habituellement et malgré qu’elle semblait ne l'avoir jamais vu auparavant, le suivit sans trop se poser de question. Ça avait un peu vexée Epine, parce que la Comtesse venait, il y a quelques jours, de la sermonner pour être plus méfiante vis-à-vis des étrangers. Epine gardait le paladin à l’œil mais il s'avéra qu'il était vraiment là pour les aider. Les humains sont décidément des gens bien bizarres !
Et pourquoi des nains ? Sigmara lui avait parlé des rafles des démons dans les terres d'Orneval et de Sombrivage. Ourr et Isewen avait été libérées, mais il devait y rester un bon nombre de kal'doreïs et peut-être même des humains et des gens de la Horde. Mais non, ils ne trouvèrent qu'un petit groupe de nains, coincés dans la montagne. Certes ils méritaient d'être secourus - quoique les nains savent creuser des trous dans les montagnes – mais, même si certains sont sans doute morts, que sont donc devenus les autres prisonniers ? Epine avait une vague impression d’avoir un peu risqué sa vie et celle de ses amis pour peu de choses car il faudra sûrement y retourner. Surtout que rien n’avait été prévu pour détruire les portails.
Et puis, alors que tous reprenait le chemin du retour, emportant le fardeau des nains comme ils pouvaient, Epine se perdit en voulant aider le jeune paladin Dandir qui s'était encore mit dans une situation embarrassante. Epine était restée un peu en arrière. Dandir avait réussi à se faufiler on ne sait comment et elle, elle resta là, prise au piège au milieu des démons. Personne ne semblait plus se soucier d’elle, le secours aux nains semblait occuper entièrement leur attention. Epine tremblait et commençait à s’inquiéter. L’un des démons dut s’en apercevoir car il regardait dans sa direction. Un petit groupe commença à avancer vers elle. Elle n’avait plus le choix. Avec regrets et dépit, elle sorti alors sa pierre et l’activa. Quelques instants plus tard, elle était à Dalaran. Tombait-elle de Charybde en Scylla ? Peut-être, car alors qu’elle errait dans la rue pour remettre un peu d’ordre dans ses pensées et ses émotions, elle se retrouva nez-à-nez avec un autre de ses fléaux : Kareythor.
Elle le regarda. C’était quand même un peu rassurant de retrouver quelqu’un à qui parler. Elle le salua. Il répondit à peine à son salut, toujours aussi laconique. Elle s’excusa d’être peu présentable, sale, sentant la fumée et le souffre mais ça ne semblait en rien le troubler. Il lui dit même qu’il avait vu pire. Certes. Elle s’excusa encore car elle voulait aller vite se laver et se changer... et retrouver les siens, sa fille et sont prince au bois dormant. Impassible, Kareythor la salua. Il était moins agressif avec elle depuis quelques temps.
Elle repensait à tout cela maintenant, se frottant sous sa cascades, loin des regards. Elle savait qu’elle devait développer encore plus de compassion, encore plus de patience et de compréhension. Il fallait apprendre à ne pas en vouloir au gens, à chasser toute rancune, à pardonner. Parfois, c’était difficile. Surtout quand le mal vient des gens en qui l’on croit. Nos pires ennemis ne sont pas nos ennemis. Ce sont nos amis car on ne s'attend jamais à ce qu’ils nous fassent du mal ou nous trahissent. D’ailleurs, la plupart du temps, ils ne s’en rendent même pas compte. Un ennemi, on peut s’en venger, mais comment en vouloir à vos proches ? Le monde n’a pas été fait pour Epine. Mais qu’est-ce qu’Epine va faire de se monde ? Une responsabilité, ça ne repose que sur les épaules de celui qui la prend. Epine prendrait la responsabilité de tout faire pour l’améliorer.
Alors que ses pensées s’agitaient ainsi dans son cerveau, qu’elle goûtait à la détende d’une eau fraîche qui coulait sur sa peau et au calme de se coin de Shattrath où domine la paix et la sagesse, elle entendit une voix qui disait : « Drôle d'endroit pour se laver, n'est-ce pas ? » Epine sursauta. Elle chercha du regard tout autour en s’agenouillant dans l’eau pour se cacher. Il lui semblait reconnaître cette voix mais elle avait du mal à le croire. « N’approchez pas, je... je suis toute nue » lança-t-elle. C’est son rire qui confirma qu’il s’agissait de lui. « Je vais courir vers le bord pour reprendre mes vêtement et vous, vous vous tournez. » Elle s’empressa de faire ce qu’elle avait dit. Lui, il resta sous le pont. C’était-il vraiment tourné ou en profitait-il pour la regarder ? Elle n’en savait rien. Elle ne le revit pas ensuite. Une draeneï, même aussi jeune qu’elle ne pouvait pas intéresser un tauren aussi impassible que Kareythor.
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