Mograth

De imagina
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(100801)

La vie est étrange. Elle donne, elle reprend. Puis elle redonne, mais autre chose. Des choses sans importance. Des choses surprenantes. Du bon comme du mauvais que l’on prend de bon ou de mauvais gré. Que fallait-il en penser cette fois ? Alors qu’elle errait dans les forêts d’Orneval, cherchant à échapper à la cruelle nouvelle de la veille qui l’avait conduite au bord du désespoir, Epine se retrouva face à sa vie, celle du passé. Deux yeux qui la regardaient. Deux yeux qu’elle connaissait depuis si longtemps mais que pourtant elle n’avait jamais croisés. Sauf, peut-être...

Mais ce sont des yeux d’orc, de ses peaux-vertes qui ont massacré sont peuple et l’on poussé à l’exil, à nouveau, vers cette nouvelle terre qu’on appelle Azeroth. Qu’avaient-ils donc ces yeux là ? En fait, ce n’est pas tant les yeux quelle voyait, mais le regard. Un regard étrangement doux pour un orc. Et puis non ! ce n’est pas non plus ce regard qu’elle voyait, mais un sentiment cachés tout au fond d’eux. Un sentiment anormal, comme contre nature. Celui d’un fauve qui aurait pitié de sa proie et qui la protégerait un instant des autres prédateurs.

La curiosité était irrésistible. Adieu le guerre. Adieu les préjugés et, d’ailleurs, ne lui a-t-on pas dit de pardonner ? Alors qu’elle errait dans sa quête de vérité, le Prophète ne lui avait-il pas expliqué que le salut était dans la reconnaissance que tout un chacun avait ses propres souffrances, ses propres faiblesses ? Epine voulait savoir pourquoi ce sentiment, pourquoi ce regard, pourquoi ses yeux et cet orc tout autour. Elle voulait savoir...

« Il y a bien une raison, lui dit-il. Mais elle n’est pas belle à entendre. Voyez ! comme j'ai dis, mon chef de clan et son conseillé ont rencontré votre prophète un mois après la mort de Garad, le grand-père de Thrall et, donc, le père de Durotan. À l'époque j'étais jeune. Si un chamane me disait de sauter du haut d’une falaise, je l'aurais fait. Question de respect... Et justement, Drek'tar nous a dit de partir en direction de la vallée d'Ombrelune. Sans discuter, moi et tout les guerriers du clan, on est parti. Il nous racontait des histoires à peine croyable même pour un chamane. Il parlait d'ennemi à éradiquer. Une fois arrivé la-bas, on a fait notre devoir d'orc. Un village a entièrement été détruit, femme et enfant y compris. À la fin, on devait ratisser les maisons, voir s’il y avait pas des survivants. J'suis rentré dans une maison et j'ai vu deux draeneïs complètement tranché en deux. C'était un guerrier du clan qui avait fait ça. Un adepte de l'arène, un sauvage quoi. C'était horrible et, le pire, c'est qu'il disait qu'il y en avait encore. Un véritable sadique ! Il disait qu'il entendait des bruits de pas dans la maison. Je ne les ai pas massacrés, mais je ne les ai pas non plus sauvé. Il voulait fouiller toute la maison et me demandait de l'aider. Et je le fit. J'suis parti à l'étage et lui en bas dans la cave. En montant j'ai vu un petit garçon. Il était terrifié. Il a du voir la mort de ses parents. J'pouvais pas le laissé là il se serait fait tué. J'ai essayé de le cacher. Après je me souviens plus trop bien mais je l'ai pas tué. J'ai aussi vu une petite fille, je crois. Comme elle était petite je me suis accroupi et je l'ai caché avec mon corps. Mais il n'arrêta pas de dire qu'il sentait la gamine alors pour le faire partir je lui ait parler de mon père, il s'est enfuit. Je ne vois que ça comme explication. »

Le petite fille, c’était Epine. Et le petit garçon, c’était son frère, Celto. Elle devait avoir moins de quatre ans et lui six, en âge humain. Epine suffoqua, se tint la poitrine et faillit tomber. Dornaa, qui était arrivée entre-temps, la retint et regarda l’orc avec un air dubitatif. La suite ne se raconte pas. La suite est impossible à décrire car toute tentative d’expliquer ce qu’une personne ressent dans un moment pareil trahirait forcément la vérité.

Ainsi, un petit bout de sa vie lui fut révélé dans un grand moment de hasard, au cœur d’une forêt, par un être improbable, un être qui, si elle avait dû obéir à la tendance générale de ce monde aveugle, aurait dû mourir de ses mains et de celles de Dornaa, un ennemi qui se révèle être un ami. La guerre contient toutes les horreurs. Mais la guerre contient aussi des fleurs de bonté, des soleils de providence parce que, au fond, même dans les guerres, ce sont des vivants sensibles qui se croisent. Cette rencontre renforça encore plus Epine dans ses convictions. Au fond d’elle même elle se dit... Mais non! Je ne le révélerais pas car les arbres aussi ont des oreilles dans la forêt d’Orneval.




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