Réminiscence

De imagina
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Elle descendit vers l'oasis, se faufila à travers les centaures, et gagna la brousse où elle se mit à la chasse. Comme le lui avait montré Loktrann, elle était nue avec sa dague à la main. Comme lui aussi, elle approcha une gazelle isolée pour tenter de gagner sa confiance. Mais cela ne fonctionna pas. Alors, malgré ses pieds nus sur le sol hostile, elle bondit sur l'animal, l'enfourcha comme un cheval, s'accrochant à son cou. Elle lui trancha la gorge d'un coup assuré. L'animal s'abattit comme un masse sur le sol, projetant en avant l'elfe qui fit une pirouette pour retomber sur ses pieds. Elle se retourna immédiatement vers la bête en position de défense, la dague à la main, avant de constater qu'elle était morte.

Comme elle vit faire son maître orc, elle plongea sa main dans la blessure pour l'enduire de sang frais. Puis elle se dessina sur le corps les mêmes signes que Loktrann lui avait fait la première fois. Elle découpa le poitrail de l'animal pour y extraire le cœur et tracer un cercle autour d'elle avec le sang dégoulinant. Mais, à partir de là, elle ne pouvait plus vraiment suivre son maître car comment se souvenir des mots qu'il a prononcé ? Elle avait une autre idée.

Les effet du manque commençait à se faire nettement ressentir. Elle désespérait de devoir retourner à Lune d'Argent pour calmer sa soif auprès des cristaux verts. Si elle échoue, elle devra y aller. Elle se mit alors à psalmodier une phrase en thalassien...

« Si le feu est en moi, sort et montre toi. Instruit-moi. Dis moi comment calmer ma faim. Montre-toi, toi dont je ne sais même pas le nom. »

Elle répéta ainsi sa prière un grand nombre de fois sans que rien ne se produise. Avec patience puis acharnement, elle insista en vain. Une heure était passée et elle allait abandonner quand une étrange lueur verdâtre l'enveloppa tout à coup. Cette couleur n'était pas normal. Chayem eut une sensation qui lui glaça le sang, le même genre que celle qui nous réveille parfois la nuit après un cauchemar. Elle tremblait. Une voix effroyable se déversa, pleine de fiel. Semblant émerger de la lueur verdâtre. Chayem la reconnut. Elle reconnut cette langue qu'elle tentait d'oublier depuis son retour en Azeroth : l'eredun.

« Tu te fourvoies, Chayem. Tes talents baissent et tu me déçois, dit la voix.

- Que viens-tu faire ici ? Ce n'est pas toi que j'ai appelé. Laisse-moi tranquille.

- Croyais-tu pouvoir m'échapper ? Je te rappelle que tu es liée par un pacte.

- C'était dans un autre monde.

- Hahaha ! Crois-tu qu'il suffit de changer de monde pour échapper à un pacte avec moi ?

- Que veux-tu ?

- Mais rien d'autre que te servir, Chayem. Tu me manques tellement quand je ne te vois pas aussi longtemps.

- Arrête de me prendre pour une imbécile. Si tu viens sans que je t'appelle, ce n'est sûrement par affection. Alors parle, qu'on en finisse, vite.

- Que tu es cruelle avec moi ! J'ai beaucoup d'affection pour toi. Depuis le temps que nous nous connaissons... Si j'avais un cœur, il serait déchiré dès maintenant. Alors je vais te prouver mon affection en faisant quelque chose pour toi. Je vais t'aider à obtenir ce que veux : la puissance du feu.

- Je ne veux pas de ton feu.

- Pas de MON feu mais de TON feu, celui que tu appelles. Mais oui, vu que je suis également un peu toi, ton feu est aussi un peu le miens.

- Non, jamais ! Je ne veux pas que tu te mêles de ça. Va-t-en !

- Quelle haine envers moi ! Alors que je ne fais que t'aider... Le pouvoir ne t'intéresse plus ? Permet-moi d'en douter.

- Je ne partage pas mon pouvoir.

- Tu n'as pas vraiment le choix.

- Va-t-en et ne reviens plus.

- Je vais partir mais je reviendrai. Toutefois, je vais te montrer mes bons sentiments en te donnant ça. »

La lueur verte devint plus intense. Elle enveloppa totalement Chayem qui sentit presque instantanément le manque disparaître. Elle reçut une forte dose de mana gangrené qui l’apaisa. Puis la leur verte disparut. Chayem se retrouva seule, nue, mal à l'aise à cause d'un sentiment d'avoir jouer à l'apprentie sorcière. Elle n'aurait pas à aller à Lune-d'Argent mais elle avait tout de même échoué. Elle s'approcha de la gazelle étendue un peu plus loin. Elle avait déjà entamé le retour de sa matière dans le cycle de la vie. « Pardon, toi. Je crois que je t'ai tuée pour rien » lui dit l'elfe qui s'empressa de retourner à la grotte, ventre de sa nouvelle mère, pour y nettoyer son corps des souillures de ce qu'elle venait de vivre. Qui sait, peut-être que ça lui lavera aussi l'âme, en y ajoutant une prière.



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