La cathédrale de pierre

De imagina
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La cathédrale est de pierre. La foi est d'abord un élan du cœur. Le cœur de la vie vivante, palpitante et chaude dans un écrins de matière minérale froide et inerte. « Pourquoi mon peuple est-il si paradoxal? » se demandait la prêtresse. Allongée sur le petit lit que l'intendance lui avait installé dans la bibliothèque qui lui servait de bureau, Emiade ruminait le doute se matin là. Elle venait de se réveiller et son esprit était plus agité qu'à l'accoutumé. « Je dois avoir aussi un écureuil dans le tête, pas seulement dans le cœur » se dit-elle avant de basculer ses jambes au bord du lit pour se lever. Elle se dirigea vers la table en bois massif jonchée de parchemins qui lui servait de bureau à l'autre bout de la pièce, y ramassa un quignon de pain de la veille qui traînait pour le grignoter et calmer sa faim. Puis elle s'assit en se laissant tomber lourdement sur la chaise, toujours aussi pensive.

Sur son visage se dessinait son habituelle petite moue d’enfant contrariée. Elle n'était visiblement pas du tout dans son assiette. "Recruter, organiser, former les novices... mais plus personne ne croit vraiment... « Comment je vais faire moi? Ils se tournent vers des forces sombres ou utilisent la Lumière comme une hache de guerre, implacables et fanatiques... Ils ne comprennent donc pas que la Lumière est ce qui nous fait vivre?... et Konrad qui ne revient toujours pas... » Elle tournait et retournait mille fois les mêmes questions dans sa tête jusqu'à comprendre que, tout simplement, elle ne savait plus bien quoi faire d'elle même, de sa propre vie.

La question est simple : « qui suis-je ». La réponse est si complexe qu'elle ne trouve jamais vraiment de réponse. Corps de chair, esprit délétère, cœur d'écureuil, Lumière... un âge déjà mature mais des désirs d'enfant... une foi véritable, une dévotion immense mais un tempérament de rebelle... Lumière... « Elle vaut la peine qu'on se batte pour elle. Il faut que je trouve Dame Aurore et Dame Blanches. Il faut ramener la Lumière dans le pays du nord... ou peut-être seulement l'y retrouver pour la refaire à nouveau briller jusqu'ici. Il faut que j'aille revoir le Seigneur naaru A'dal, à Shattrath. il faut... »

Elle se leva tout à coup, marcha vivement vers la sortie non sans s'agenouiller dans la nef, face au chœur, comme à son habitude. Puis elle enfourcha son tigre et partit d'un bond vers Comté de l’Or afin d'y récupérer sa tenue de voyage et de combat. « Pour la Lumière, on peu mourir. Dans les ténèbres, on ne peut vivre... Les réponses ne sont pas dans des murs de pierres, elle sont dans la lute pour son idéal. » C'est avec ses pensées qu'elle se mit ensuite en route pour Hurlevent avec la ferme intention d’obtenir la bénédiction de l’archevêque pour partir en voyage en Outreterre.

En chemin, elle croisa Aurore. Celle-ci lui expliqua qu’elle souhaitait qu’Emiade aille à Shattrath afin d‘y récolter quelques informations. Emiade en était toute fière : Elle avait une mission. Elle adorait rendre service et comme une gamine qui sait qu'elle va avoir une part de son gâteau préféré, son cœur s'agitait tel un écureuil bondissant d'arbre en arbre. Shattrath, elle connaissait bien. L'archevêque lui avait toujours donné sa bénédiction à chaque fois qu'elle lui avait demandé la permission de s'y rendre. Du coup, Elle vit Aurore comme une bienfaitrice qui lui donnait une occasion de sortir un peu de sa cathédrale de pierre.

Avant de partir, elle rédigea une lettre. Celle-ci était pour Konrad. Il fallait le prévenir qu'elle s'absentait pendant quelques jours pour l’Outreterre. Elle régla ensuite quelques affaires courantes, reçut deux fidèles en confession, avant d’aller préparer son baluchon. Aller à Shattrath n'était pas un problème. Il fallait prendre un griffon vers Rempart-du-Néant dans les Terres Foudroyées, passer la porte des Ténèbres et prendre un autre griffon de l'autre côté, pour aller à Shattrath. Mais il faudra d'abord passer par Comté du Nord car il lui manquait quelque chose et ce quelque chose se trouvait là bas.


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