Enfants de la Terre, fille du feu

De imagina
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Dans le ventre de la Terre Mère. Cela faisait bientôt une semaine que Chayem s'y trouvait. Loktrann l'y avait amenée ce soir là pour, disait-il, "l'aider à révéler avec quel élément elle avait des affinités". « Viens ! » lui dit-il. Visiblement, ils allaient sortir. Chayem empoigna son bâton mais il lui dit de le laisser. « C'est dangereux dehors, avec tous ces centaures », se plaignit-elle. « Non ! Le seul danger et celui que emmèneras avec toi » lui répondit-il. Lui même se déshabilla avant de sortir. Ils arrivèrent à l'oasis où il lui demanda de se déshabiller elle aussi, y compris les sandales qu'elle portait tout le temps. Puis il la fit entrer dans l'eau pour la laver ou, plutôt, la purifier, tout en lui expliquant à nouveau des choses sur les éléments, comparant ceux-ci aux différentes parties du corps de l'elfe. Puis il lui demanda de sortir de l'eau. Il prit ses vêtements. Il lui offrit tout de même une dague qu'elle garda précieusement dans sa main comme seul rempart matériel entre sa peau nue et fine d'elfe et les agressions rugueuses de la brousse. Elle prenait d'infinies précautions pour ne pas s'écorcher les pieds sur les pierres qui ralentissaient sa course. L'orc, loin devant, ne semblait guère s'en soucier. « Je peux au moins avoir mes sandales ? » Lui cria-t-elle. « Non » répondit-il. « J'ai mal aux pieds », lança-t-elle. « La douleur est une choses suggestive et apprendre à la gérer fait parti de l'apprentissage », répondit-il. Puis il ajouta : « Ce n'est que le début. » Et elle continua en grognant quelque peu.

En temps ordinaire, égorger une gazelle ne lui aurait pas posé de problème. Mais là, après avoir vu Loktrann aborder l'animal avec d'infinies précautions, cherchant plutôt à gagner sa confiance qu'à la capturer, il dit à l'elfe en souriant : « égorge-la ». Chayem eut le sentiment qu'elle allait commettre un crime cruel sur une pauvre bête qui lui avait rien fait. « Pourquoi ? » demanda-t-elle. « Tout d'abord pour le repas et ensuite pour l'épreuve que tu devras subir », avait-il répondu. Chayem se résigna à planter sa dague dans la gorge de l'animal qui n'offrit aucune résistance. L'orc plongea alors sa main dans la blessure de l'animal et, avec le sang, il peignit des dessins sur le corps de Chayem représentant les quatre éléments, l'air sur le visage et la poitrine, la terre sur le ventre, le feu sur les bras et l'eau sur les jambes. « Se sera ton unique protection ». Puis il alla chercher le cœur et traça un cercle autour d'elle avec le sang qui en dégoulinait. Il scandait des choses étranges. « Ne sort pas du cercle », lui demanda-t-il. Elle n'avait de toute façon pas très envie de bouger, sauf peut-être pour rentrer à la grotte. Quand il eut fini, il tendit le cœurs exsangue et lui demanda de le manger. Elle fit un peu la grimace avant de lui en demander la raison. « Dans le monde, il y a deux sortes de créature vivante : Les prédateurs et les proies. À laquelle veux-tu appartenir ? » Elle ne répondit pas et planta ses dents dans le cœur. Elle en avala un morceau, puis un autre...

L'orc se remit à psalmodier des phrases incompréhensibles jusqu'au moment où une masse de flammes apparut. C'était un élémentaire de feu. Loktrann lui parlait et Chayem compris qu'il lui demandait de la reconnaître. Puis il se tourna vers elle et l'invita à approcher l'élémentaire. « Il est le feu qui est en toi », lui dit-il. Elle était terrorisée. « Je vais brûler », s'écria-t-elle. L'idée que le feu morde sa chair la remplissait de frayeur. « Embrasse-le ! Fond-toi en lui, il ne te brûlera pas. » Mais elle ne l'entendait plus. Elle entendait une autre voix qui lui répétait : « N'aie pas peur ! Approche ! Je suis ton feu intérieur. » Le cœur de Chayem battait en faisant des bons démentiels. Elle lâcha le reste de celui de la gazelle qu’elle avait encore dans la main et, à nouveau, la voix de l'orc lui parvint : « Il va repartir. Peut-être n'es-tu pas prête. » Alors elle fit un pas, puis autre, franchissant les cercle sang, les bras en avant. Elle ferma les yeux avant de se retrouver dans les bras des flammes. Et elle n'y brûla pas.

L'élément se fondit en elle et disparut. Elle reprit conscience du monde qui l'entourait, regardant si son corps, sa peau étaient intacts. Loktrann la regardait avec amusement. « Tu vois, tu n'as mourru. Tu es du feu, c'est désormais certain », lui afirma-t-il. Il tailla quelques bonnes pièces de la gazelle et jeta le reste aux hyènes. Puis ils rentrèrent à la grotte. Le temps du repos et de la détente était revenus.



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