Epine, le loup et le chasseur

De imagina
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C'était bien avant son arrivée en Kalimdor, bien avant la destruction de sa planète, tout juste avant la folie des orcs. Elle marchait seule et confiante dans la forêt ce jour là quand elle croisa la route d'un loup. Elle était alors qu'une enfant. Elle avait senti sa présence bien avant que lui ne sente la sienne. Elle en fut étonnée elle même. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises car le loup, quand il la vit, s'arrêta net et s'assit, la regardant de loin. Cela dura un moment qui sembla très long. Le regard du loup était amical, "souriant", même un peu moqueur. Epine tenta de s'approcher de quelques pas. Le loup ne bougea pas. Elle s'approcha encore et poussa un de ces petits cris dont les draeneïs femelles ont le secret. Le loup se leva alors, fit un tour sur lui même, puis se coucha, les pattes en avant, les yeux rivés sur la draeneï qui souriait, heureuse de sentir les apparentes bonnes dispositions de l'animal envers elle. Une étrange complicité s'installait entre eux. Epine fit encore quelques pas...

quand une flèche vint subitement se ficher dans une hanche du loup. Le regard de l'animal se ternit tout d'un coup, exprimant une grande douleur. Epine compris tout de suite, en voyant l'empennage de la flèche, qu'elle était celle d'un chasseur probablement embusqué dans les taillis au loin derrière elle. Epine chercha du regard d'où la flèche pouvait venir plus précisément mais elle ne vit rien. Quand elle se retourna vers le loup, il n'était plus là. Elle se hâta, mais très prudemment, vers l'endroit ou elle avait vu le loup. Une flaque de sang témoignait de sa présence récente et du drame qui venait d'avoir lieu. Mais où était-il passé ? Elle eu alors l'idée de suivre les traces de sang qu'elle apercevait sur le sol et les feuillages des buissons bas. Derrière elle, elle sentit une autre présence qui la suivait. Elle ne s'en aperçut pas tout de suite, mais elle manifestait elle-même des réactions de chasseresse. Elle continua sa route très prudemment et parvient à une petite clairière où se trouvait, en son centre, un petit lac remplit d'une eau très claire. Le lac semblait émaner comme une douce lumière. La présence derrière elle était devenue immobile. Alors Epine se retourna dans la direction où elle pensait la créature cachée et lui cria, avec tout le mépris dont elle était capable:

- Hé toi le chasseur qui me suit! montre-toi ou va-t-en. Je ne suis pas un gibier. - Non, répondit une voix grave et rauque venant des buissons, mais l'animal blessé que tu suis est mon gibier alors part et laisse moi le prendre. - Ce loup... il n'est pas un loup comme les autres, laisse le tranquille. Je dois le trouver pour le soigner, renvoya Epine au chasseur. - Voudrais-tu me voler mon butin petite sotte? Ce loup est à moi. Écarte-toi que je l'achève et que je le prenne.

Epine était terrorisée, mais quelque chose la poussait à tenir tête au chasseur caché. Elle ressembla tout son courage et se mit à courir dans la direction où elle pensait que le loup avait fuit. Vers le lac. Elle le vit effectivement, couché au bord de l'eau. Il respirait vite et baignait dans son sang. Alors, elle s'approcha de lui et fit un écran de son corps pour empêcher le chasseur de parvenir à ses fins.

- Va-t-en, cria-t-elle vers le chasseur. Ce loup n'est pas à toi. Je l'ai trouvé avant. Si tu le veux, il faudra que tu me tue d'abord.

Les enfants, ça ne se rend pas compte vraiment de ce que ça dit. Epine n'avait encore aucune idée de ce que pouvait être la mort. Elle entendit alors le bruit que fait le bois d'un arc quand on le bande. Elle ferma les yeux, mais rien ne vint. Elle sentit même que la présence du chasseur semblait avoir disparut. Elle en fut très étonnée. Elle entendit alors une voix venir de derrière elle. "Je vais mourir" dit-elle. Epine se retourna précipitamment et vit, à sa grande surprise, que le loup avait disparut. A sa place se trouvait une créature comme elle n'en avait jamais vue. Elle n'avait pas de corne sur la tête mais de très longs cheveux argentés comme la lumière de la lune. Elle n'avait pas de sabot, mais comme des sortes de mains avec cinq doigts tous petits. Elle semblait beaucoup plus petite qu'elle et avait de grands yeux très clairs en amende. C'était une femelle a la peau très claire, blessée à la hanche par une flèche encore enfoncée dedans. Malgré l'expression de douleur sur son visage, elle semblait émettre une lumière douce et paisible. Epine fut émerveillée par cette créature qu'elle ne connaissait pas et à laquelle elle n'aurait jamais pu donner de nom. Celle-ci la regardait avec un regard triste et profond comme l’abîme. Epine vit alors la mort et compris qu'elle ne reverrais plus jamais cette créature mystérieuse. Elle ne savais que faire et la regardait avec toute la tendresse qu'une draeneï de son âge était capable. Alors la créature lui dit:

- Ne t'inquiète pas jeune draeneï. Je vais mourir ici, mais je suis d'un autre monde vers lequel je retourne. La mort n'est pas si terrible. La souffrance est bien plus à craindre. Va, suit ta route et oublie moi. Tu ne m'as jamais vue. Ne parle jamais à personne de ce qu'il s'est passé ici. Va, va....

La voix semblait s'éteindre. Les yeux de la créature aussi. Ils se fermèrent et dans un dernier souffle, avec un dernier "va", elle disparut comme si elle se l'était dit à elle même. Devant Epine, il n'y avait plus rien. Plus de loup. Plus de créature, et même plus de sang. L'eau du lac était devenue noire et nauséabonde, comme celle d'un étang dans un marécage. Epine sentait ses jambes trembler. Elle ressentait un froid glacial, un vide incommensurable, une absence si pensante qu'elle s'en sentait écrasée. Elle venait d'avoir un aperçu de ce qu'était la mort. Elle allait défaillir mais elle se repris, puisant dans ses ressource de draeneï; et elle se mit à courir dans la direction d'où elle était venue. Elle courut, courut jusqu'à atteindre sa maison où elle entra et ne ressorti plus pendant plusieurs jours. Ces parents, inquiets de la voir ainsi en état de choc, ne surent jamais ce qu'il lui était arrivé mais, après ce temps, et pendant très longtemps, quand elle voyait son père saisir ses armes pour aller à la chasse, elle détournait le regard et se réfugiait sur le genoux de sa mère en sanglotant.